L’occupation de Goma et l’entrée sans résistance de l’armée Rwandaise à Bukavu ont marqué un tournant dans l’offensive du M23. Ces avancées militaires ont galvanisé les agresseurs et leurs soutiens politiques, mais une nouvelle réalité s’impose désormais : la gestion des territoires occupés. Parmi les défis majeurs, l’économie est totalement paralysée, en grande partie à cause de l’absence de banques opérationnelles, estime Steve Mbikay, acteurs politique en RDC.
Face à cette impasse, Corneille Nangaa envisage de créer une institution financière baptisée « Nouvelle Banque du Kivu » (BDK). Mais est-ce réellement envisageable ?
Créer une banque en temps de guerre : mission impossible
Mettre sur pied une banque n’est pas une tâche aisée, encore moins lorsqu’on est un rebelle sous sanctions internationales, condamné par la justice de son pays et sous le coup d’un mandat d’arrêt. Pour qu’un établissement bancaire puisse voir le jour et fonctionner normalement, plusieurs conditions doivent être réunies :
- Une autorisation de la Banque Centrale : Toute institution financière doit obtenir une licence d’exploitation de la Banque Centrale du pays concerné. Corneille Nangaa s’adressera-t-il à la Banque Centrale du Congo (BCC) ou à celle du Rwanda Ip », une source financière illicite qui disqualifie d’emblée toute reconnaissance internationale.
- L’intégration au réseau SWIFT : Le Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications (SWIFT) est un système de messagerie sécurisé qui facilite les transactions financières entre banques. Il est surveillé par les banques centrales des grandes puissances mondiales (États-Unis d’Amérique, Union Européenne, Canada, Japon, etc,…). Une institution créée par des individus sanctionnés ne pourrait y adhérer, rendant impossibles les paiements électroniques et internationaux.
Une banque sans crédibilité ni sécurité
Même si ces obstacles étaient surmontés, une question de fond demeure : quel investisseur ou opérateur économique confierait son argent à une banque dirigée par des rebelles ? La fuite de ses dirigeants étant une hypothèse permanente, aucun acteur sérieux ne prendrait ce risque.
De plus, les sanctions économiques internationales visent précisément à empêcher l’accès aux ressources financières des individus impliqués dans des crimes et des actes de guerre. Corneille Nangaa, accusé de violations graves des droits humains, ne pourrait obtenir aucune reconnaissance officielle, ni de la part des régulateurs bancaires, ni des institutions monétaires internationales.
Une impasse pour le M23 et ses soutiens
Dans ces conditions, la gestion des territoires occupés devient un casse-tête. Le M23, privé de ressources économiques viables, n’a d’autre choix que de se replier. Il ne peut compter que sur le Rwanda, mais Kigali fait face à des pressions internationales croissantes. La stabilité du régime de Paul Kagame est elle-même en jeu, et certains observateurs n’excluent pas qu’en cas de poursuite des hostilités, un changement de leadership soit imposé à Kigali.
Ainsi, la seule issue possible pour le M23 reste le processus de Naïrobi, où divers groupes armés cherchent une réintégration nationale via une éventuelle amnistie. L’idée d’une Banque du Kivu n’est qu’un mirage, incapable de répondre aux réalités du terrain.
La RDC en position de force sur la scène diplomatique
Ironie du sort, cette énième agression Rwandaise a permis à la diplomatie Congolaise de marquer des points. Sous l’impulsion du Président Félix Tshisekedi, la question des ingérences du Rwanda est désormais au cœur des préoccupations internationales. La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, joue un rôle déterminant dans cette avancée diplomatique, consolidant ainsi la position du gouvernement congolais.
Si l’issue militaire reste incertaine, une chose est sûre : la Banque du Kivu ne verra jamais le jour, et les ambitions économiques du M23 s’éteindront avec lui.
DMT
