Un samedi sous surveillance : Ndosho et Mugunga verrouillés par le M23

À l’aube, le jour s’est levé sur une ville paralysée. Dans les quartiers Ouest de Goma, la vie semble avoir été mise sur pause. À Ndosho comme à Mugunga, la présence des hommes en treillis du M23 ne passe pas inaperçue. Fusils à l’épaule, regards méfiants, leurs silhouettes quadrillent rues et carrefours, imposant une ambiance de siège.

« Depuis ce matin, ils sont partout. Ils contrôlent tout. On ne sait pas ce qu’ils cherchent », souffle un jeune habitant de Ndosho, encore sous le choc des tirs qui ont secoué le quartier dans la nuit.

Le calme apparent de ce samedi masque une peur sourde. À Rwasama, les entrées sont filtrées. Les écoles ont fermé sans préavis. Les travaux communautaires dit « Salongo », d’ordinaire rythmés par le bruit des houes et des balais, ont été suspendus par les autorités locales imposées par le M23. Le quartier semble figé, ses habitants cloîtrés chez eux.

Des arrestations ont été signalées. Personne ne connaît le nombre exact de personnes interpellées ni les raisons de ces détentions. Mais les regards se détournent, les mots se font prudents, les soupçons pèsent.

« C’est souvent les hommes qu’on prend. Ils pensent qu’on est des Wazalendo ou qu’on travaille avec les FARDC. On vit dans la crainte permanente », confie un père de famille, la voix basse.

La veille, dans la nuit du 11 au 12 avril, des tirs nourris et des explosions ont ravivé les traumatismes d’une population qui n’a jamais vraiment connu la paix. Cette démonstration de force du M23 intervient sans explication officielle, mais elle relance les inquiétudes sur les intentions du mouvement rebelle, deux mois après sa prise de contrôle de Goma.

Ce matin, la ville retient son souffle. La peur n’est pas nouvelle, mais elle est de retour, plus lourde, plus dense. Et dans les rues désertes de Ndosho et Mugunga, c’est un sentiment d’attente qui plane attente d’un mot, d’un signal, ou d’un dérapage de plus.

Diddy MASTAKI

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