Dans les ruelles bondées du marché de Birere, les billets changent de mains à toute vitesse. Mais depuis quelques semaines, un vent de méfiance souffle sur les transactions. En cause : la présence croissante de faux billets de 1 000 Francs Congolais qui passent inaperçus aux yeux des non-initiés.
Jean-Marie, vendeur de crédits téléphoniques, en a fait l’amère expérience.
« On m’a refilé trois faux billets dans la même journée. Ce n’est que le soir, en comptant, que j’ai vu la différence », a-t-il dit.
Le détail qui trahit
À première vue, les faux billets ressemblent aux vrais. Mais un regard attentif révèle une anomalie : le filigrane.
« Sur un billet authentique de 1 000 FC, le filigrane traverse le premier et le deuxième zéro de la valeur 1000. Sur les faux, il est logé dans le dernier zéro », explique un changeur de monnaie du quartier Virunga.
Ce détail, désormais bien connu des commerçants, ne l’est pas encore du grand public. Résultat : la fraude continue de se propager, discrètement, mais sûrement.
Origine du fléau : les zones M23 selon des sources locales, ces faux billets proviendraient des zones contrôlées par les rebelles du M23, comme Rutshuru et Masisi. Là-bas, le manque de liquidités pousse les réseaux informels à imprimer et injecter de la fausse monnaie dans les circuits économiques, notamment par les échanges commerciaux avec les zones urbaines comme Goma.
« Ils achètent des produits ici, paient en faux billets, puis revendent dans leurs zones. Le pire, c’est que ces billets retournent dans la ville, dans nos poches », s’alarme une vendeuse de légumes.
Silence des autorités, alerte des citoyens
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle de la Banque centrale ni des autorités locales. Mais la société civile appelle à la mobilisation : émissions radios, séances de sensibilisation sur les marchés, et mobilisation des cellules de vigilance économique.
En attendant une réponse institutionnelle, les habitants doivent redoubler de prudence. Vérifier le filigrane, observer la texture du papier, comparer avec un billet sûr : des gestes simples qui pourraient éviter bien des pertes.
Le nom a été modifié pour préserver l’anonymat de l’intervenant.
Diddy MASTAKI

