Dans une interview accordée à Africa-infos.cd ce dimanche 15 décembre, Maître Kiunga Nzadi, avocat et analyste politique, a vivement critiqué l’idée d’une révision ou d’un changement de la Constitution, récemment évoquée par le président Félix Tshisekedi. Selon lui, l’enjeu principal réside dans la gouvernance plutôt que dans le texte fondamental : « Le problème ce n’est pas la Constitution, le problème c’est l’homme. Nous avons un problème d’homme et non de la Constitution. Il n’existe pas de Constitution parfaite, mais répondre aux besoins de la population ne demande pas une révision ou un changement de la Constitution. »
Maître Kiunga Nzadi a également soulevé des préoccupations sur la procédure engagée, notamment la distinction entre révision et changement de la Constitution : « C’est vrai, la Constitution est une œuvre humaine, elle peut être révisée ou modifiée, il n’y a pas de débat là-dessus. Mais ceux qui souhaitent réviser la Constitution ont introduit un concept de “changement de la Constitution”, or, cela équivaut à un coup d’État constitutionnel, car cette idée n’est pas prévue par notre texte actuel. Et même pour une révision, l’article 219 pose des conditions strictes : pas de révision en état de siège ou de guerre. Alors, avec l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu, les conditions ne sont tout simplement pas réunies. »
Enfin, l’analyste a dénoncé le caractère précipité de cette initiative et ses implications dans les territoires en conflit :
« Même si nous décidions de soumettre la question au référendum, comment les populations des territoires occupés par le M23 et l’armée rwandaise pourraient-elles donner leur avis ? Dire que “la Constitution est notre malédiction” sans laisser le temps d’identifier les articles problématiques est contre-productif. Si une révision doit avoir lieu, elle doit suivre une réflexion approfondie et respecter scrupuleusement la procédure. »
Pour Maître Kiunga Nzadi, la priorité reste le respect de l’ordre constitutionnel dans un contexte déjà fragilisé.

