C’était une image forte. Le jeudi 10 avril, la Première Ministre de la RDC, Judith Suminwa Tuluka, est apparue tout sourire à Dubaï aux côtés des dirigeants de DP World, le géant émirati de la logistique portuaire. Au cœur des échanges : le port en eau profonde de Banana, ce projet aussi ambitieux que symbolique pour le Congo-Kinshasa.
Et la grande annonce est tombée : DP World s’engage à livrer le port d’ici 2026. Une nouvelle échéance pour une infrastructure lancée en 2022 et initialement promise pour 2025.
Le projet de Banana, situé à l’extrême ouest du pays, est censé redonner à la RDC son accès direct à l’océan Atlantique, libérant Kinshasa de sa dépendance au port de Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville. Un enjeu autant stratégique qu’économique.
Pour Georges Kapiamba, président de l’ACAJ, cette relance est cruciale : « C’est une bonne nouvelle et prenons date, car la RDC ne doit pas abandonner son accès à l’océan Atlantique pour continuer à dépendre de celui de Pointe-Noire ».
Mais dans la population, la nouvelle suscite autant d’espoir que de scepticisme.
La population entre impatience et ironie
Sur les réseaux sociaux, certains Congolais ont réagi avec un humour désabusé. L’un d’eux écrit, cinglant : « Judith Suminwa, nouvelle prêtresse du temple des illusions. Depuis 2022, le port de Banana vogue entre promesses et mirages. 2025 devait être l’ancrage, mais voilà qu’on repousse à 2026. À force de vendre du vent, même les marées finissent par se lasser ».
Cette phrase, virale sur X, résume bien le sentiment d’une partie de l’opinion publique : trop de discours, pas assez de béton.
Judith Suminwa, en se rendant personnellement à Dubaï, veut envoyer un signal fort : l’État Congolais est déterminé à mener ce projet à son terme. Mais les Congolais, eux, attendent des pelleteuses plus que des promesses.
Le compte à rebours est relancé. Rendez-vous en 2026.
Diddy MASTAKI

