Clôture de l’enquête Française sur Agathe Habyarimana sans mise en examen. La veuve de l’ancien Président Rwandais Juvénal Habyarimana ne sera pas poursuivie pour son rôle présumé dans le génocide des Tutsi de 1994, qui fit quelque 800 000 morts selon l’ONU.
Dans une ordonnance rendue le 16 mai à Paris, les juges d’instruction du pôle « crimes contre l’humanité » estiment qu’« il n’existe pas d’indices graves et concordants » contre Agathe Habyarimana. Ils pointent des témoignages jugés « contradictoires, incohérents, voire mensongers ».
Placée sous le statut de témoin assisté depuis 2016, Mme Habyarimana était visée par une demande de mise en examen du Parquet national antiterroriste pour entente en vue de commettre un génocide. Une audience à huis clos est prévue le 21 mai devant la cour d’appel de Paris, saisie par le PNAT.
« Il est temps que le non-lieu qui s’impose soit prononcé », déclare Me Philippe Meilhac, avocat de Mme Habyarimana, qui voit dans cette décision un « coup d’arrêt à la stratégie de l’accusation ».
Aucune preuve directe de participation à des discours de haine, de propagande ou d’ordres donnés n’a été retenue. La justice française considère qu’elle « apparaît comme victime de l’attentat du 06 avril 1994 », et non comme l’instigatrice des massacres qui ont suivi.
La Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), partie civile, regrette cette décision. Son avocat, Patrick Baudouin, évoque des « éléments à charge largement suffisants » pour justifier une mise en examen.
L’affaire relance le débat sur le rôle des proches du pouvoir hutu dans la planification du génocide et sur la capacité de la justice française à poursuivre les auteurs présumés de crimes contre l’humanité commis à l’étranger.
En attendant la décision de la cour d’appel, la possibilité d’un procès semble s’éloigner pour celle que certains accusateurs décrivent comme figure centrale de l’« akazu », cercle restreint du pouvoir hutu à l’époque.
Diddy MASTAKI

