Kabila à Nairobi : le retour d’un ancien Président dans l’arène politique Congolaise ?

Il était discret, presque effacé de la scène nationale depuis 2019. Et pourtant, Joseph Kabila, ancien Président de la République Démocratique du Congo, refait surface depuis Naïrobi, où il a lancé une nouvelle plateforme politique baptisée « Sauvons la RDC ». À ses côtés, d’anciens poids lourds du régime, dont Matata Ponyo, ancien Premier ministre. Un retour qui, au-delà du symbole, soulève une question fondamentale : Joseph Kabila prépare-t-il son come-back dans la politique Congolaise après deux mandats d’absence ?

Ce réveil politique intervient dans un contexte explosif. Le 30 septembre dernier, la Haute cour militaire de Kinshasa a condamné Joseph Kabila à mort par contumace pour trahison et crimes de guerre, l’accusant de collusion avec le mouvement rebelle M23. L’ancien chef de l’État, réfugié à l’étranger depuis 2023, rejette ces accusations qu’il juge politiquement motivées. Ses proches parlent d’un « procès d’intimidation » destiné à neutraliser un adversaire encombrant avant les prochaines élections.

Mais derrière les jugements et les symboles, le fond du jeu est géopolitique.
Kabila, depuis Naïrobi, tente de reconstituer un réseau d’influence régional, s’appuyant sur les capitales de l’Afrique de l’Est où les alliances sécuritaires et économiques se recomposent. Le choix du Kenya n’est pas anodin : c’est une plateforme diplomatique et économique centrale, mais aussi un lieu neutre où convergent les intérêts du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda.

L’ancien Président sait qu’il reste un acteur incontournable, malgré les années d’ombre. Son parti, le PPRD, bien qu’affaibli, conserve des soutiens dans l’armée, les milieux économiques et plusieurs provinces de l’Est. Avec « Sauvons la RDC », J. Kabila semble vouloir fédérer les déçus du pouvoir actuel et les nostalgiques d’un ordre ancien, en leur offrant une bannière de ralliement contre le régime Tshisekedi.

Pour le Président Félix Tshisekedi, cette résurgence est une épine politique. Alors qu’il tente de consolider son autorité, notamment sur les questions sécuritaires et économiques, l’apparition d’un Joseph Kabila réorganisé à l’étranger risque d’alimenter une opposition structurée et un front de contestation inédit.

Sur le plan régional, cette recomposition pourrait également influencer la diplomatie des Grands-Lacs. Entre les tensions persistantes avec le Rwanda, les initiatives de paix pilotées par le Qatar et l’Union Africaine, et la présence accrue des puissances étrangères, le retour politique de J. Kabila agit comme un rappel du passé et une menace potentielle pour l’équilibre fragile de la région.

En définitive, Joseph Kabila n’a jamais vraiment quitté la politique. Son exil l’a éloigné du pouvoir, mais non de l’influence. Avec « Sauvons la RDC », il revient dans le jeu, armé d’un discours populiste et d’un réseau tissé au fil de deux décennies de règne. Reste à savoir si ce come-back, né dans les salons feutrés de Naïrobi, ouvrira une nouvelle ère politique pour le Congo… ou s’il ravivera les vieux démons d’un pays toujours à la recherche d’un équilibre durable.

Diddy MASTAKI

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